la transparence du matin

 

Fabuleuse transparence du matin, vertigineuse en dépit de son ordinaire, banale et miraculeuse comme le sont tous les matins de tous les jours,

mais que d’ordinaire on ne voit plus, ou plutôt que l’on n’a jamais vue.

Il m’a fallu cette rencontre avec Haruka pour m’ouvrir les yeux et m’éveiller à cette fraîcheur et cette innocence

où plus rien ne fait écran à la netteté et la clarté des formes.


let me touch your knee now!

 

let me touch your knee now ! - 今、膝に触れさせて !- laisse- moi toucher ton genou maintenant ! 

J’éprouve une joie originaire et intempestive à faire renaître sous mon pinceau l’or vif qui luit sur les genoux nus de Haruka (悠香). A contempler, le coeur battant, tous les sens en alerte, son corps ardent au coeur de la nuit. A la voir surgir tout à coup encore chaude de son bain brûlant, chair vivante et sans âge cuisant dans la vapeur des soirs d’été, ou gelée dans la pénombre de l’hiver, ou aimantant ma faim à l’autre bout du monde. Beauté plus belle qu’elle-même, toujours plus vive et envoûtante, rougissante comme après une faute et ruisselante à jamais d’une aura mystérieuse comme d’une sorte de voile fait d’un peu de lumière, une espèce de satin, de velouté et de douceur extrême difficile à dire. 


l’énigme du miroir

le fond de l’art est un qui-vive entre imaginaire et réalité où les âges ne sont pas égaux et les sexes indifférents

cette tension de la vie à l’état pur entre l’hallucination et le désordre est très étrange et difficile à penser

entre les images et le néant il y a donc ce précipice vertigineux qui en lui attire et une seule passerelle qui permet de le franchir

c’est comme un rêve que personne ne rêve, un miroir de feu sur lequel aucun reflet ne se dépose

les choses y transmigrent des chenilles aux papillons dans un ruissellement d’images chaque fois que nos sexes s’emboîtent en frissonnant dans le coton blanc de vieux lits noirs d’un autre temps

aucun dieu ne garde cette passerelle branlante au-dessus de la mort, si périlleuse que peu de sages s’y risquent, car il faut pour la franchir dénuder ses mains et la saisir toute nue

ce qui expliquerait l’extrême effarouchement de Sayaka Akasako devant l’énigme de ce miroir fascinant en amont de tout sens